lundi 24 juillet 2017

Des ronces aujourd'hui pour pouvoir cultiver des fleurs demain?


Jamais comme aujourd'hui l'humanité ne s'est tant préoccupée du lendemain. Les générations qui nous ont précédées ont dû faire face à tellement de maladies contagieuses, de sérieuses difficultés matérielles et à des guerres qu'elles n'avaient guère le loisir de se préoccuper du lendemain. Certes, des individus ont toujours été inquiet du demain, mais cela se cantonnait à la sphère privée. A présent que nous avons en Europe (et plus généralement dans les pays de l'OCDE) pu éradiquer de nombreuses maladies qui dans le passé décimaient nos contrées, que nous avons un niveau de bien-être matériel que le reste du monde nous envie et que nous vivons en paix grâce à la mise en commun de nos ressources et de nos marchés dans le cadre de l'Union européenne, nous avons découvert une nouvelle maladie : la peur collective du lendemain.
Progressivement, on nous a dit que nous devions aujourd'hui penser au lendemain car autrement il n'y aurait tout simplement pas de lendemain. D'abord dans le cadre l’Union Internationale de Conservation de la Nature ensuite dans celui des Nations Unies, la peur des conséquences néfastes pour la nature nous a conduit à nous préoccuper de « Notre avenir à tous », tant et si bien que l'on arriva à inventer une notion que jamais l'humanité n'avait abordée : introduire l'avenir dans le présent. Cette nouvelle vision du monde, celle des nantis, des biens portants et de ceux qui vivent en paix, consiste à limiter le développement pour qu'en satisfaisant nos besoins actuels on ne compromette pas la possibilité des générations futures à satisfaire leurs propres besoins. Le rapport Brundtland qui jette les bases de cette vision n’est pourtant ni un acte juridique ni même un accord politique, mais il a fini par s'imposer comme un nouveau paradigme communément admis. Pourtant, à la base il ne s'agissait pas tant de se préoccuper du changement climatique ou des autres pollutions, mais dans la foulée du Club de Rome l'idée sous-jacente était de penser au transfert des ressources du nord au sud en matière d’argent et de technologie. D'ailleurs, dans l’équipe à l’origine du rapport Brundtland, on notera la présence de 6 représentants de pays de l’OCDE, 3 des pays de l’Est, 12 des pays en développement dont la Chine –si bien que le texte final marque un rejet des orientations économiques libérales.
Mais c'est sur une question plus aisée à comprendre par le commun des mortels que cette vision s'est focalisée, la protection de la nature. Proche de chacun, facile à appréhender, sympathique, la démarche de la sauvegarde de notre terre est devenue l'emblème du développement durable. Pourtant les accords internationaux précisent bien qu'il ne faut pas réduire le développement durable à l'écologie et à la protection de l'environnement. Il s’agissait à l'origine bien plus d’un équilibre – certes difficile à atteindre – entre protection de l'environnement, développement économique et qualité de vie. Si nous aboutissons à un monde sans pollution mais avec un taux de chômage insupportable du point de vue social, il ne s’agit pas de développement durable. A l’inverse, si tout le monde jouis du travail mais que l'environnement est totalement pollué (souvenons-nous de l’URSS), on ne peut parler de développement durable. Chacun, en fonction de ses intérêts ou de sa vision politique du monde, va privilégier l'une des trois composantes du développement durable. Les écolos clament qu'il faut avant tout privilégier l'écologie sans trop se préoccuper du développement. Les capitalistes purs et durs voudront, eux, privilégier la croissance sans trop se préoccuper du reste. Quant aux militants du progrès social, ils privilégieront leurs propres arguments au détriment de l’environnement et du dynamisme économique.
De manière imperceptible le qualificatif "durable" (ou "soutenable") est devenu un substantif tant et si bien que la durabilité est à présent le moteur de la pensée politiquement correcte. Sur tout le spectre du monde politique ce nom devient le nouveau crédo. Il est vrai qu'après l'échec du Communisme, il fallait que le monde se trouve une nouvelle métaphore pour avoir un objectif, pour faire rêver, pour pouvoir le conduire. Tant et si bien que la Nature est devenue notre nouvelle égérie. Le combat pour le respect des plantes et des animaux trouve chaque jour plus de défenseurs, plus de moyens financiers, plus d’appuis de la part des hommes politiques que ceux pour l’action en faveur de la vie des Hommes –à laquelle on avait pourtant donné priorité pendant 2000 ans. Il n'y avait pratiquement pas de chefs d'état à la réunion sur la faim dans le monde le 16 novembre 2009 à Rome mais ils y étaient presque tous à Copenhague trois semaines plus tard pour sauver la Planète. L’homme moderne occidental se donne bonne conscience lorsqu’il pense à la nature et achète des produits bios, s’habille avec des vêtements en coton non traités, cultive des salades sur son balcon et prend son vélo pour aller faire du yoga.
Le passage de l'expression "développement durable" à celle de "durabilité" n'est pas innocent ; il y a là la volonté déterminée d'abandonner subrepticement le substantif "développement". En fait, depuis des décennies – des siècles ! – c'est de cela qu'il s'agit. Le Pasteur protestant Malthus a ouvert la voie en 1798 en écrivant qu'on ne pouvait plus continuer comme cela. Depuis ce crédo ne cesse d'envahir la pensée des nantis en totale contradiction avec les valeurs judéo-chrétiennes.
L'enseignement de la Bible nous invite à être le gardien du jardin que Dieu a confié à l'Homme et à ce titre il doit bien évidement le gérer, le soigner, le protéger. Mais cet enseignement fondamental est accompagné de la double notion de Providence-Créativité. Ayant été crée à l'image de Dieu-Créateur, l'Homme possède la capacité de créer à partir des ressources que la Providence met à sa disposition. Cela a été ainsi depuis toujours, même si c'est depuis la révolution énergétique que le phénomène s'est accéléré. La plus grande des ressources dont nous disposons n'est pas la nature car celle-ci est limitée ("on n'a qu'une terre") mais c'est notre créativité. Elle est illimitée. L'Homme ferait mieux de se préoccuper d'exploiter cette caractéristique qui lui est propre plutôt que de paniquer pour un lendemain qui par définition pour les opposants du progrès est forcément mauvais. Aujourd'hui la peur est un sentiment que l'on ne refoule plus, et cela conduit au catastrophisme ambiant, au "tout va mal". L'innovation technologique qui découle du génie de l'Homme nous apportera des solutions aux problèmes du lendemain en nous permettant de vivre bien aujourd'hui. N'est-ce pas là un des messages positifs du Christ : Ne vous inquiétez donc pas du lendemain : le lendemain se souciera de lui-même. A chaque jour suffit sa peine. (Matthieu 6:34). 
Avoir peur de cultiver le jardin aujourd'hui quitte à ce que les ronces nous envahissent pour que les générations futures puissent avoir un beau jardin est un contresens qu'il est temps de dénoncer. Mais il y a plus, si nous continuons à nous automutiler, les populations qui n'ont pas se gout de l'autodestruction auront bientôt le champ libre pour dominer le monde à leur guise et peut-être même sans le goût de sauvegarder notre Jardin.

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